Il y a quelques mois, Mathieu Llorens plaidait pour une écologie de la donnée. Son constat était que le secteur data connaissait les mêmes dérives que l’industrie agroalimentaire avec le risque d’aboutir à une infobésité puis à une intoxication sévère. Aujourd’hui, la philosophie du big data qui consiste à collecter, stocker et accumuler des données massives est sérieusement remise en question. La crise sanitaire inédite que nous vivons renforce nos prises de conscience écologiques et nous interroge sur les modèles d’hyper-croissance qui montrent clairement leurs limites. La data minimisation est un concept qui s’inscrit dans une approche durable de sobriété numérique. Elle se concentre uniquement sur les besoins réels d’analyse, pour une plus grande vélocité d’action. Concrètement, il s’agit d’encourager une collecte raisonnée uniquement de données exploitables, un traitement sélectif et plus intelligent de celles-ci ou encore des durées de stockage plus courtes qui offrent des données plus fraîches, plus précises, respectueuses de la vie privée et moins énergivores.
Explications en images.
Rapidité d’analyse

La comparaison avec le trafic automobile est assez évidente. Avec moins de données, vous augmentez la vitesse de traitement. Votre accès aux données est plus rapide et c’est finalement votre réactivité d’analyste qui s’améliore. En réduisant les volumes de données à l’essentiel, vous fluidifiez les traitements de vos outils. Par exemple, pour un flux API, les données peuvent être envoyées beaucoup plus vite à l’entrepôt de données et ainsi être traitées plus rapidement.
Meilleure vision stratégique

Encore une métaphore routière, mais toute aussi parlante. L’accumulation de données peut brouiller la vision stratégique. Comment repérer facilement les indicateurs clés lorsque trop de métriques se déversent dans ses analyses ? C’est un travail préalable de définition claire des objectifs qui permettra une sélection frugale des KPI. N’oubliez pas : trop d’informations, tue l’information.
Fiabilité décisionnelle

Ce fleuve pollué pourrait symboliser un flux de données embarquant des informations erronées.
Un surplus de données augmente le risque d’incohérence et peut altérer la fiabilité de celles-ci. Cette situation est donc nuisible aux prises de décisions stratégiques. Réduire le volume, réduit également le risque d’erreur. Un flux moins important est également plus facile à contrôler, nettoyer ou même enrichir avec des informations de qualité.
Réduction de l’empreinte écologique

Au-delà de l’efficacité, travailler avec moins de données permet de réduire l’empreinte carbone de nos activités numériques. La collecte et le stockage des données ont un impact écologique énorme sur la planète : traiter moins de données permet de faire des économies d’énergie. Les pratiques de minimisation favorisent une consommation d’énergie plus intelligente, par exemple en optimisant la gestion de logs qui ne sont jamais utilisés. La mutualisation de serveurs dans le Cloud consomme également moins d’énergie et est donc plus respectueuse de l’environnement.
Risques limités

Pas sûr qu’ici en Europe, ce conducteur puisse éviter une amende. La pratique de la minimisation des données est inscrite dans le RGPD, qui stipule (comme l’un de ses principes fondamentaux) que les données à caractère personnel collectées doivent être adéquates, pertinentes et limitées à ce qui est nécessaire au regard des finalités pour lesquelles elles sont traitées. Il s’agit donc pour vous de limiter les risques financiers d’une non-conformité. Les autorités prévoient des sanctions financières pouvant atteindre 4% du chiffre d’affaires d’une entreprise en cas de violation de données. Réduire le volume est plus sûr pour soi (financièrement) mais également pour la vie privée des autres (internautes). Un peu comme sur la route…
Coûts réduits

Last but not least. La baisse des coûts n’est pas négligeable en adoptant une stratégie de minimisation des données. Outre les risques financiers évoqués plus haut, collecter moins de données signifie que la facture sera également moins lourde : capacité de stockage, maintenance, coûts humains, etc. En cette période économiquement difficile qui s’annonce, la rationalisation sera probablement à l’ordre du jour pour beaucoup.
La data minimisation pouvait paraître presque hors-sujet il y a quelques années quand il s’agissait d’investir des sommes faramineuses dans des infrastructures de stockage pour capturer le moindre fragment de données. Aujourd’hui, elle prend tout son sens. La sobriété numérique n’est pas un frein mais une opportunité d’optimisation de la performance pour les marques. Elles ont la possibilité de s’engager dans un cercle vertueux en se recentrant sur l’essentiel et en plaçant l’éthique au cœur de leur stratégie :

En bref, Less is more.
Et pour compléter cet article, découvrez les engagements d’AT Internet en matière d’éco-responsabilité.
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